Classer et archiver ses photos

Archiver ses photos

Salle d'archives Prendre des photos, les retoucher, les organiser, c'est bien mais... encore faut-il être sûr de les conserver ! Et ce n'est pas forcément aussi simple qu'on le pense. Nous avons tous vu ces albums-photos reliés où se pressent les photographies de nos aïeux. Ils étaient autrefois la seule méthode d'archivage possible mais, aujourd'hui, les technologies numériques nous offrent de nombreuses autres possibilités.

L'immense avantage des documents numériques sur les documents "papier" est qu'ils peuvent être reproduits, copiés, multipliés à l'infini sans perte de qualité. C'est cette propriété que nous allons utiliser pour sauvegarder nos précieux clichés.

coffre-fort Le revers de la médaille, c'est que les documents numériques sont tous à la merci d'une panne matérielle ou d'une dégradation des données susceptible d'empêcher leur lecture. C'est pour cela qu'il est ABSOLUMENT INDISPENSABLE de disposer de copies supplémentaires pour garantir la pérennité de nos documents.

L'autre écueil possible est l'obsolescence du logiciel ou du format de sauvegarde, mais je considère que pour les photographies ce n'est pas un problème : les formats .jpeg, .tiff, et même les formats "raw" des différents constructeurs d'appareils sont suffisamment pérennes.

Pour préserver notre patrimoine photographique, il va donc falloir choisir un format de sauvegarde et un media adapté. Il n'existe pas en ce domaine de bonne ou de mauvaise solution, chacune a ses avantages et ses inconvénients. Je vais donc vous donnner quelques éléments, vous dire comment je fais, et vous ferez ensuite votre choix.

Les formats de sauvegarde

Je vous ai expliqué dans les pages consacrées à la prise de vue qu'il existait deux formats, le RAW et le JPEG. Le RAW conserve toute l'information de la photo, sans compression ni altération, mais au prix d'un fichier volumineux. Le JPEG comprime les données, ce qui donne un fichier plus petit, mais au prix d'une perte d'informations qui est irréversible. Les détails qui sont perdus ne seront jamais récupérés.

Comme je l'ai expliqué dans la page consacrée à la prise de vue, les fichiers RAW codent les couleurs sur une échelle qui va de 0 à 4095 dans le cas le plus courant, alors que le JPEG code les couleurs sur une échelle de 0 à 255 (donc 16 fois moins détaillée). Pour comprendre ce qui se passe de façon très simpliste, lorsque j'enregistre une photo RAW en JPEG, les pixels qui ont des valeurs proches sont réunis (en fait, le processus est bien plus complexe et passe par l'utilisation d'un codage différent des informations ) :

Le fichier résultant est donc forcément plus petit. Mais si, un jour, je veux tenter de récupérer les détails d'une zone très claire ou très sombre, je ne pourrai plus le faire car l'information aura disparu.

illustration des tailles de fichiers

Pour archiver des photos, plusieurs formats sont à notre disposition, avec chacun leurs avantages et leurs inconvénients :

RAW
Avantages : c'est un format qui contient toute l'information enregistrée par le capteur de l'appareil photo, sans aucune altération ni compression.
Inconvénients : il est impossible de sauvegarder une photo retouchée en RAW, puisque par définition il s'agit de l'information brute du capteur. Mais si l'on n'effectue que des retouches générales (balance des blancs, luminosité, contrastes,...) à l'exclusion de tout recadrage, effacement d'élément indésirable, etc... on peut néanmoins archiver le fichier RAW et le fichier XMP associé.
Taille : pour 10 Mpixels, sa taille est de 10 à 12 Mo.
DNG
Avantages : c'est presque l'équivalent du format RAW, il contient donc toute l'information après retouche. A la différence du RAW, c'est un format universel alors que les fichiers RAW sont des formats propriétaires qui diffèrent suivant les marques d'appareils.
Inconvénients : on ne peut sauvegarder en DNG que les photos ayant fait l'objet de retouches générales.
Taille : pour 10 Mpixels, sa taille est de 10 à 12 Mo.
TIFF ou BMP
Avantages : ce sont des formats non compressés qui conservent toute l'information de la photo, même après un processus de retouche complexe. Ils ont l'avantage d'être universels.
Inconvénients : du fait de leur structure, ces formats permettent moins de possibilités de retouche que le RAW.
Taille : pour 10 Mpixels, sa taille est de l'ordre de 20 Mo (.bmp) à 30 Mo (.tif).
JPEG
Avantages : c'est un format compressé qui permet de réduire fortement la taille des fichiers sans dégradation sensible de la qualité, tant la compression n'est pas trop forte.
Inconvénients : qui dit compression dit perte irréversible d'information. C'est acceptable pour des taux de compression faibles, mais pour des taux de compression élevés, on voit apparaître des artefacts gênants, surtout dans les plages de couleur uniforme. Retoucher à plusieurs reprises une photo en JPEG va amplifier les défauts, c'est à éviter absolument.
Taille : pour 10 Mpixels, sa taille est de 4 à 10 Mo pour des compressions faibles, 1 à 2 Mo pour une compression moyenne, et 500 ko (voire moins !) pour une compression forte.
smiley perplexe

Ça devient vachement compliqué, ton truc ! Et puis, une fois que j'ai retouché une photo et qu'elle me plait, pourquoi j'irais la modifier à nouveau ? Ça prend du temps et je n'ai pas que ça à faire !

Je suis presque entièrement d'accord avec toi : quand tu as retouché une photo et qu'elle te plait, il y a peu de chances que tu la reprennes plus tard pour la retoucher à nouveau. Mais cela peut arriver dans certains cas, comme cela m'est arrivé il y a quelques années. J'ai parlé d'une photo que je trouvais intéressante sur le forum de Doris, et l'on m'a demandé de la fournir pour servir de support à un jeu mensuel : on montre une photo et il faut deviner ce qu'elle représente. Lien vers jeu .
Cette photo a été publiée dans Subaqua quelques mois plus tard, et j'étais bien content d'avoir conservé un fichier de qualité suffisante.

Pour ma part, je conserve toutes mes photos en TIFF et en JPEG. Cela prend de la place, mais le coût est finalement très modeste en comparaison de ce que tous mes clichés représentent.

Raie pastenage à taches bleues La photo à droite montre une raie pastenague à taches bleues (teaniura lymna) comme on en voit beaucoup en Mer Rouge. Cette photo correctement éclairée n'a pas été retouchée. Je l'ai simplement enregistrée en JPEG avec trois taux de compression différents en conservant ses 10 millions de pixels.
A l'échelle que l'on peut se permettre sur un site Web, rien ne distinguerait visuellement un engistrement des autres, mais un simple zoom sur l'oeil montre comment l'image la plus compressée est dégradée. Pour mieux vous en rendre compte, je vous suggère d'afficher l'image en grand format en cliquant dessus.
Bien évidemment, toute tentative de traitement ultérieur ne fera qu'aggraver les artefacts qui sont apparus, sans aucun retour en arrière possible.

photo sans compression photo avec compression moyenne photo avec compression forte
Sans compression : 5.5 Mo Compression moyenne: 1.5 Mo Compression extrême : 400 Ko

En résumé :

Les supports de sauvegarde

Il existe une multitude de supports de sauvegarde pour accueillir vos précieuses photos. Mais ils n'offrent pas tous les mêmes garanties, ni en termes de perennité, ni en termes de confidentialité. Et, quel que soit le support considéré, sa durée de vie doit être prise en considération. Trois facteurs peuvent conduire à la perte de vos photos :

Quel que soit votre choix, ces risques existent et la seule façon de vous en protéger est de conserver plusieurs copies, si possible en des lieux différents.

Je vais lister quelques solutions possibles, en commençant par les plus simples, en énonçant leurs avantages et inconvénients :

Le disque dur de votre ordinateur
Disque dur interne Avantages : c'est la solution la plus simple, vos photos sont dans un dossier sur un disque dur interne de votre ordinateur.
Inconvénients : Il n'y a aucune protection contre une panne du disque dur, ce qui peut arriver sans aucun signe précurseur. Vos fichiers sont alors irrémédiablement perdus (sauf à dépenser de 500 à 1000 euros pour qu'un laboratoire spécialisé tente une récupération très hypothétique). L'utilisation d'un système de redondance des données (type RAID) permet de limiter le risque.
Coût : Gratuit.
Des disques CD, DVD ou BluRay gravés
Disques gravés Avantages : faciles à graver, peu onéreux, peu encombrants ils permettent de stocher les photos d'un (CD - 700 Mo) ou de nombreux (BluRay - 25 Go) voyages.
Inconvénients : la durée de vie des disques gravés est assez faible, de 5 à 10 ans maximum pour les disques dorés. Et à condition de les stocker à l'abri de la lumière, de les manipuler soigneusement, etc... On dit que les BluRay ont une durée de vie supérieure, mais je n'en ai pas la preuve.
Pour pallier à cela, il faut graver les disques en double et les recopier sur des disques neufs périodiquement (3 à 4 ans), ce qui est fastidieux.
Coût : quelques euros pour 25 Go, à condition d'avoir un graveur BluRay.
Des clés USB
Clés USB Avantages : simples, pas chères, faciles à transporter ou à connecter partout, les clés USB offrent maintenant des capacités confortables dépassant 128 Go.
Inconvénients : la durée de vie des clés USB est limitée et elles ne peuvent en aucun cas constituer un stockage de masse fiable et durable. Même en USB-3, les vitesses de lecture-écriture sont lentes. De plus, elles sont petites et s'égarent facilement. Les fichiers effacés par mégarde ou corrompus sont irrécupérables.
Coût : de quelques euros (4 Go) à 50 euros (128 Go)
Des disques durs externes
Disque dur externe Avantages : une grande capacité de stockage (1To et plus), une grande vitesse aussi bien en lecture qu'en écriture, ils permettent de stocker facilement toute une photothèque.
Utilisés en sauvegarde uniquement, leur fiabilité est très bonne et un bon disque peut durer de nombreuses années.
Inconvénients : comme tout support informatiques, ils peuvent se dégrader. Il est donc recommandé d'utiliser deux disques durs distincts.
Coût : 50 euros pour 1 To, disque dur USB-3
Un stockage sur le "Cloud"
nuages et terre en arrière plan Avantages : le stockage sur le cloud permet de mettre ses données à l'abri du vol, de l'incendie, de l'inondation, puisqu'elles sont stockées "ailleurs". La perennité est garantie par contrat, mais il vaut mieux s'adresser à des sociétés bien établies.
Inconvénients : Le risque de défaillance est minime, mais pas nul. La confidentialité des données peut être le point faible de ce type de stockage : rappelons nous les affaires multiples de photos de stars dérobées chez tel ou tel hébergeur. S'il s'agit de photos de poissons, pas grave, mais pour d'autres types de photos... Un mot de passe solide est une première barrière, mais pas inviolable.
Coût : gratuit pour quelques Go chez les principaux fournisseurs d'accès internet (FAI), chez Google, chez Dropbox, mais payant ensuite. Par exemple, environ 100 euros par an pour 100 Go chez Dropbox.

Comme vous le voyez, aucune solution n'est parfaite, chacune a ses avantages et ses inconvénients. La seule façon de garantir la perennité de nos photos, c'est de les stocker sur plusieurs supports différents et de ne pas hésiter à effectuer des sauvegardes périodiques.

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