Photographier en plongée - L'éclairage

L'éclairage : un impératif important

Comme je l'ai expliqué dans la page consacrée à la lumière, la luminosité baisse très vite lorsque l'on descend. Même si l'on ne s'en rend pas compte, dans de l'eau claire à 10 mètres, il ne reste qu'environ 15% de la lumière qu'il y a en surface. Et si l'eau est chargée en particules, cela peut être beaucoup moins !

smiley fanatique

C'est bizarre ce que tu dis : quand je plonge, je vois clair, même bien plus profond que ça ! S'il y avait aussi peu de lumière, je m'en serais aperçu !

C'est pourtant le cas, et je peux même te dire qu'à 40 mètres, là où tu crois souvent voir encore bien clair, il ne reste que 1,5% de la lumière qu'il y a à la surface. Mais ton oeil est tellement perfectionné qu'il s'adapte bien mieux qu'un appareil photo ! 15% de lumière, c'est encore beaucoup, c'est ce que l'on a avec un ciel nuageux ! Et à l'aube ou à la tombée de la nuit ce n'est plus que 2%, et pourtant tu as encore l'impression de voir clair. Mais si tu prends une photo, elle risque d'être floue ou trop sombre si tu ne te sers pas du flash.

De plus, les rouges puis les oranges disparaîssent avant 15 mètres, le jaune disparaît vers 30 mètres, et à 50 mètres il ne reste que du bleu. Si l'on veut retrouver les couleurs réelles, il faut utiliser un éclairage d'appoint ou modifier les réglages de l'appareil photo.

Barracuda entièrement bleu Barracuda coloré avec particules Ces deux barracudas (sphyraena barracuda) ont été pris au cours de la même plongée, sur le pont de l'épave du Spiegel Grove à Key Largo (Floride). Nous sommes à 25 mètres, le temps est très clair, un courant moyen soulève quelques particules.

La photo de gauche a été prise sans flash (1/60 s, ISO=800, ouverture maximale), et celle de droite avec le flash externe, (1/100 s, ISO=80, ouverture maximale).

J'ai retouché la luminosité de la photo de gauche pour l'éclaircir, mais il est impossible de faire revenir les couleurs : à 25 mètres, il n'y a plus que du vert et du bleu, la retouche ne peut pas recréer des couleurs qui n'existent pas ! Par contre, du côté positif, on voit que la photo est nette et que les particules ne perturbent pas l'image.

A droite, avec le flash, les couleurs sont bien présentes, et il n'a pas été nécessaire de retoucher l'exposition. Par contre, le flash révèle de nombreuses particules qui donnent un aspect de neige sur la photo. Dans la suite de cette page, je vais expliquer quand et comment utiliser le flash, et comment faire pour minimiser l'effet des particules.

Et pour finir cette introduction, je rappelle ce que j'ai dit dans la page consacrée au matériel :

Bien utiliser son flash

Comment fonctionne le flash externe ?

Pour bien utiliser son flash, il faut comprendre comment il fonctionne. C'est trivial pour le flash interne, mais pour le flash externe cela mérite quelques explications. Rassurez vous, je ne vais pas entrer dans la technique mais juste brosser les grandes lignes.

Tout d'abord, il faut savoir que les flashs de tous les appareils numériques fonctionnent en TTL, acronyme de l'anglais "Through The Lens" (à travers l'objectif). Lorsque l'on prend une photo au flash, celui-ci se déclenche et, pendant pendant ce temps, l'appareil photo analyse la quantité de lumière qui arrive sur le capteur (souvent sur un capteur annexe). Lorsqu'il a reçu suffisamment de lumière, il coupe l'éclair du flash, ce qui fait que la photo est bien exposée.

En fait, sur la plupart des appareils, cette mesure est réalisée avant, grâce à un pré-flash de faible intensité. L'appareil calcule alors la durée de l'éclair nécessaire pour exposer correctement la photo et la prend en déclenchant l'éclair principal.

Smiley fanatique

N'importe quoi ! J'ai déja pris des millions de photos au flash et je n'ai jamais vu ça ! Deux éclairs coup sur coup pour que l'appareil calcule sa photo ! Tu me fais marcher !

Non, je suis tout à fait sérieux ! Mais le pré-flash est très court, et le flash principal arrive quelques dizaines de millisecondes après. Il est donc impossible de s'en rendre compte, on ne voit qu'un flash alors qu'il y a en a deux !

Concrètement, comment est-ce que cela marche ? Tout d'abord, le flash de l'appareil photo doit être réglé en mode forcé, et il doit être relié au caisson par une fibre optique placée devant le flash de l'appareil photo. La lumière du flash interne est bloquée par un écran placé à l'extérieur du caisson, afin qu'elle n'atteigne pas le sujet. Que se passe-t-il lors du déclenchement ? Les schémas ci-dessous, reproduits du site Inon (cliquer ici) aident à la compréhension.

Schéma du pré-flash et du flash principal

Ce mode de fonctionnement appelé S-TTL est celui des flashs Inon et Sea&Sea (entre autres). Le fonctionnement TTL des flashs Ikelite (par exemple) est basé sur un principe similaire, mais via une liaison électrique : un cable intérieur au caisson doit être branché sur la griffe "flash" de l'appareil, et un cable étanche relie le caisson au flash externe. Dans ce cas le flash interne n'émet pas de lumière mais transmet une impulsion électrique au flash principal. Le résultat est le même.

Il est important de noter que l'intensité de l'éclair est réglée par l'ajustement de sa durée alors que sa puissance reste constante. Ceci est important pour le réglage de la vitesse de prise de vue.

Quand utiliser le flash externe ?

La réponse à cette question est très simple : il faut presque toujours utiliser le flash externe, sous peine d'obtenir des photos sombres et bleuâtres qu'il faudra énormément corriger, des photos floues à cause d'une vitesse trop lente, ou des photos avec beaucoup de "grain" à cause d'une sensibilité ISO excessive. Parfois, on risque même d'obtenir les trois défauts en même temps !

Ce qui est important, c'est le "presque" : On peut se passer du flash dans une eau très claire, à proximité de la surface. Ce sera par exemple le cas en milieu de journée lorsque l'on prend des photos au palier. Mais dès que l'on dépasse la profondeur d'un palier, je recommande d'utiliser le flash.

Il y a maintenant deux situations dans lesquelles il ne faut pas l'utiliser :

Dans ces deux cas, on peut compenser l'absence du flash en augmentant la sensibilité ISO et en baissant la vitesse de déclenchement. Et, si votre appareil le permet, prenez le temps de régler une balance des blancs correspondant à la lumière ambiante.

Comment l'orienter vers le sujet ?

Schéma d'une mauvaise orientation du flash Les plongeurs photographes novices ont parfois quelques difficultés pour orienter correctement le flash sur leur sujet, principalement à cause d'une erreur d'appréciation des distances : on croit le sujet plus proche qu'il n'est. Dans le meilleur des cas, le sujet sera éclairé par le bord du faisceau et l'on obtiendra un point plus lumineux devant le sujet. Dans le pire des cas, il ne sera que partiellement éclairé, voire pas éclairé du tout. Les remèdes sont simples, en commençant par l'expérience qui permet de trouver la bonne orientation, mais on peut y ajouter quelques petits trucs :

Quelques détails de réglage : la vitesse, le "premier rideau" ou le "deuxième rideau"

La vitesse : la durée de l'éclair du flash peut varier de 1/3000 seconde pour une faible puissance jusqu'à 1/200 seconde, dans le cas où la puissance maximale doit être délivrée. Il faut naturellement que la vitesse de déclenchement soit plus lente que l'éclair, sinon les photos seront sous-exposées. Je vous recommande d'adopter une vitesse de l'ordre de 1/100 à 1/150 seconde qui est :

Premier rideau ou deuxième rideau ? Cette dénomination vient du temps des appareils reflex à obturateurs mécaniques, où un premier rideau ouvrait le passage de la lumière vers le film, et où un second le refermait. Comme l'éclair du flash est souvent beaucoup plus court que le temps d'ouverture, il peut être déclenché soit immédiatement, soit au contraire à la fin du temps d'exposition.

schéma explicatif Sur le schéma ci-contre, le rectangle gris représente la lumière ambiante qui atteint le capteur pendant la durée d'exposition, et le rectangle jaune (qui devrait être beaucoup plus haut) la lumière supplémentaire apportée par le flash.

Dans les deux cas, la quantité de lumière qui est reçue par le capteur est exactement la même, les deux photos seront donc exposées de façon identique. Si le sujet est immobile, on ne verra aucune différence. Par contre, avec un sujet en mouvement, l'image figée par le flash se superposera à une "image fantôme" qui sera la trace du mouvement du sujet pendant toute la durée d'exposition.

Ci-dessous, à titre d'illustration, j'ai rassemblé quatre images d'un jouet d'enfant, immobile ou en mouvement, photographié en premier et en deuxième rideau avec une vitesse d'exposition de 1/10 seconde.

Sujet immobile, photographié avec le flash en premier rideau Sujet immobile, photographié avec le flash en deuxième rideau Sujet en mouvement, photographié avec le flash en premier rideau Sujet en mouvement, photographié avec le flash en deuxième rideau
jouet immobile jouet immobile jouet en mouvement, halo devant jouet en mouvement, halo derrière
Ces deux photos sont identiques, l'instant de déclenchement du flash n'a aucune influence sur le résulat obtenu. Une image fantôme se trouve devant la tortue avec le flash en premier rideau, derrière avec le flash en deuxième rideau.

Le réglage du flash en premier ou deuxième rideau n'a aucune influence lorsque le sujet est immobile mais, si le sujet est en mouvement rapide ou si l'on a choisi une vitesse assez lente afin d'éclaircir un arrière plan, on obtient l'une des deux images de droite. Evidemment, l'image de droite paraît bien plus naturelle que celle de gauche et donne une impression de mouvement.

Je vous recommande donc, si votre appareil le permet, de toujours régler le flash sur le "deuxième rideau".

Que faire s'il y a beaucoup de particules

Requin pointes noires constellé de particules Le flash est un outil puissant qui donne vie aux photos en illuminant les sujets et en leur rendant leurs couleurs. Malheureusement, l'éclair du flash illumine tout sur son passage et la moindre particule en suspension dans l'eau est éclairée aussi. Elles en renvoient une partie vers l'objectif, ce qui se traduit par une multitude de petits points blancs sur la photo.

C'est ce qui s'est passé sur cette photo d'un requin pointes noires (carcharinus melanopterus), prise de nuit aux Maldives. Bien sûr, la nuit, on ne peut pas se passer du flash et, dans une eau chargée par la proximité du fond de sable, on ne peut pas éviter totalement les particules. Mais peut on limiter leur effet ?

Les particules proches sont les plus nuisibles : elles reçoivent un maximum de lumière, en renvoient donc beaucoup, et comme elles sont proches, elles apparaissent plus grosses.

Eh bien, la solution est toute simple, il suffit de ne pas éclairer les particules proches ! On va s'arranger pour éclairer uniquement le sujet et les particules qui sont à son niveau, en laissant les plus proches dans l'ombre.

Smiley perplexe

Alors là, c'est sûr, tu te moques de moi ! Tu me prends pour un débile ! Comment veux-tu que j'éclaire ce qui est loin sans éclairer ce qui est devant ? Je n'ai pas des bras téléscopiques ! Mon flash est accroché à mon appareil !

Eh bien non, je ne me moque pas de toi ! Il y a un truc qui te permet de le faire, surtout quand ton sujet est assez près de toi. Tu vas voir !

Schéma montrant comment le flash interne éclaire beaucoup les particules Schéma montrant comment un flash déporté éclaire peu les particules Sur le schéma de gauche, on voit que l'éclair du flash interne éclaire beaucoup de particules. Celles qui sont très proches de l'objectif vont renvoyer beaucoup de lumière et apparaîtront comme de gros points blancs sur la photo.

Sur le schéma de droite, le flash externe est éloigné du caisson. Il éclaire parfaitement le poisson, mais toutes les particules proches de l'objectif sont dans l'ombre, on ne les verra donc pas. Bien sûr, celles qui sont au niveau du sujet ou juste devant sont toujours éclairées, mais comme elles sont plus loin, elles renverront moins de lumière et n'apparaîtront que comme de tout petits points sur la photo.

Rappelez vous ce que je disais plus haut sur l'orientation du flash : il vaut mieux que le centre du faisceau lumineux soit dirigé légèrement derrière le sujet plutôt que directement dessus. Si vous regardez bien le schéma de droite, vous voyez qu'en faisant cela la quantité de particules éclairées est encore plus faible.

Mais, malgré tout, il y a des cas où l'utilisation du flash, même déporté, sera problématique à cause de particules trop nombreuses. Dans ce cas, il n'y a que deux solutions :

Si l'on décide de procéder sans flash, on ne pourra pas "réveiller" les couleurs, et les photos risquent d'être très bleues. La retouche ne pourra pas toujours restituer les couleurs : si l'on est suffisamment profond pour qu'il n'y ait plus de rouge du tout, rien ne pourra le recréer lors de la retouche. Les options sont alors les suivantes :

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