Photographier en plongée - Programme et format

Réglages de l'appareil appareil

Naturellement, tout commence par la prise de vue. C'est là qu'il faut choisir les réglages de l'appareil, régler et orienter le flash, cadrer le sujet et, enfin, prendre la photo. Cela semble compliqué mais en fait, avec un peu de pratique, ça devient presque "instinctif".
Dans cette page, nous allons découvrir :

Le cadrage du cliché et l'utilisation du flash font l'objet de pages dédiées.

smiley fanatique

Moi, je ne veux pas me prendre la tête, je mets tout en mode "AUTO". L'appareil fait les réglages tout seul et, hop ! C'est dans la boite !

Bien sûr, tu peux obtenir de bonnes photos comme cela, mais il est très facile de faire mieux. Rappelle-toi la section "théorie" : en "AUTO", beaucoup d'appareils vont choisir une valeur ISO faible, et donc une vitesse lente et une grande ouverture. Résultat, beaucoup de tes photos risquent d'être floues. Et si la luminosité est bonne, ton flash risque de ne pas se déclencher alors que tu en as besoin pour figer le mouvement d'un poisson. C'est dommage !

Mais atttention ! Tout cela dépend aussi de ce que l'on veut photographier. Un poisson clown en perpétuel mouvement ne demandera pas le même réglage que des alcyonaires sur le mât d'une épave !

Les différents modes (ou programmes)

Les appareils photos numériques comportent tous de nombreux modes qui permettent d'adapter la prise de vue aux conditions. Les plus courants sont :

Nous alons voir comment choisir au mieux entre ces différentes possibilités.

smiley fanatique

C'est pas la peine ! J'ai le mode "sous-marin" sur mon appareil ! Le vendeur m'a assuré qu'avec ça, je serai tranquille et que mes photos seront toutes parfaites !

Désolé de te contredire, mais ton vendeur n'a sûrement jamais pris de photos en plongée ! Ce mode peut être utile pour une randonnée PMT, mais en aucun cas en plongée. Tiens, parlons en en premier.

Le mode "Sous-marin"

Souvent mis en avant par les fabricants, ce mode n'est en fait qu'un réglage spécifique de la "balance des blancs" qui renforce les tons rouges et oranges. Je donne plus de détails sur ce qu'est la balance des blancs, comment et pourquoi il faut la régler, dans la page de la section "Retouche" dédiée à la correction des couleurs.

Ce réglage correspond généralement à une profondeur de 5 à 6 mètres et s'adresse aux nageurs "PMT" qui font de petites descentes en apnée : pas trop le temps de peaufiner les réglages ! En plongée, il n'a pratiquement pas d'intérêt.

Le mode AUTO

Otarie C'est le mode qui permet de débuter, mais c'est aussi celui qui empêche de progresser. Comme je l'ai mentionné dans la rubrique "théorie", le mode AUTO choisit souvent la sensibilité la plus faible qui permet une exposition correcte. Or, en plongée, le principal problème est la faible luminosité disponible.

En conséquence vos photos sont prises avec une grande ouverture, ce qui n'est pas forcément grave, mais aussi à vitesse lente, ce qui conduit très souvent à des photos floues.

Ajoutons-y le fait que les débutants en photographie sous-marine sont souvent de jeunes plongeurs qui ont un peu de mal à se stabiliser... En tout état de cause, dès que vous vous sentez à l'aise, abandonnez le mode AUTO.

Le mode P

Globicéphale Le mode P est en fait un mode automatique évolué ; c'est toujours l'appareil qui décide du couple "vitesse-ouverture", en tenant compte sensibilité ISO que vous avez sélectionnée. Il présente toutefois deux avantages certains sur le mode AUTO :

Mais, comme dans le mode AUTO, attention à la vitesse qui sera sélectionnée !

Le mode A (ou Av)

Spirobranches Dans ce mode de prise de vue, on fixe l'ouverture et l'appareil détermine la vitesse nécessaire pour obtenir une photo correctement exposée. C'est un mode très utilisé par les photographes, car il permet de contrôler la profondeur de champ et, par exemple, de mettre en valeur un sujet qui se détachera sur un arrière plan flou.

Ce mode est idéal en plongée pour mettre en valeur des sujets individuels (poissons, gorgones, plongeurs, etc...) que l'on veut détacher de l'arrière plan. Il suffit de retenir la valeur d'ouverture la plus faible, l'autofocus et la vitesse choisie par l'appareil feront le reste. Et comme cette valeur d'ouverture faible entrainera une vitesse plus rapide, le sujet a toutes les chances d'être net !

Le mode S (ou V ou Tv)

clown Ici, le photographe choisit la vitesse, et l'appareil détermine l'ouverture. Le choix d'une vitesse rapide permet d'assurer une photo nette, mais la faible luminosité ambiante conduit le plus souvent à des photos sous-exposées. On peut certes les corriger ensuite, mais ce n'est pas toujours suffisant pour obtenir un cliché correct.

On le réservera donc à des scènes où la vitesse est primordiale, pour figer le mouvement d'une demoiselle ou d'un poisson-clown par exemple.

Le mode M

Corail rouge Ici, le photographe contrôle tout : sensibilité, vitesse et ouverture. L'appareil ne fait qu'obéir, en signalant toutefois si le cliché sera correctement exposé ou non, et s'il y a un risque de flou lié à une vitesse trop lente.

Ce mode est souvent considéré comme celui des "vrais photographes", même si de plus en plus de professionnels utilisent les automatismes qui sont à leur disposition. La maîtrise de tous les paramètres permet de composer le cliché que l'on souhaite, en laissant s'exprimer sa créativité. Mais cela ne va pas sans quelques inconvénients :

Quel mode choisir pour quelle photo ?

Ce choix va varier en fonction des circonstances, du sujet, et de l'expertise du photographe. Je me borne donc à indiquer quelques éléments de choix, qui ne sont en aucun cas les seuls possibles :

Mais, pour être honnête, tout ceci est théorique, et... je fais souvent tout autrement !

Photographier en RAW ou en JPEG ?

Les fichiers d'images peuvent se présenter sous de multiples formats (le format désigne la façon dont l'image est inscrite dans la mémoire de l'appareil). Vous avez sûrement déja rencontré des acronymes barbares tels que TIFF, BMP, JPG, PNG, GIF... pour ne citer que les plus courants. Nous allons ici nous intéresser aux deux types de fichiers les plus courants en photographie : les fichers .jpg et les fichiers raw . Qu'est ce qui se cache derrière ces noms ?

smiley perplexe

Alors là, franchement, je ne vois pas pourquoi je me compliquerais la vie ! Si je prends des photos, c'est pour pouvoir les voir ! A quoi ça sert, ton truc ?

Je comprends ta question ! Des fichiers plus encombrants, des photos qu'on ne peut pas voir facilement, cela paraît idiot. Et pourtant, c'est ce type de fichier que je te recommande d'utiliser. Car il permet d'obtenir des photos de bien meilleure qualité, et rend la retouche beaucoup plus efficace. Je vais t'expliquer tout ça.

Quelles sont donc les caractéristiques de ces deux types de fichiers ? Je ne vais pas entrer dans les détails de la création d'un fichier JPEG, ni dans la structure des fichiers RAW, qui d'ailleurs varie d'une marque à l'autre. Voici ce qu'il suffit de savoir :

Alors, si l'oeil ne fait pas la différence, pourquoi le RAW est-il si intéressant ? Parce qu'il contient toute l'information et parce que, comme l'information est plus fine, il permet une bien meilleure exploitation de la photo lors de sa retouche.

Très souvent, lorsque l'on retouche une photo, c'est pour corriger un problème d'éclairage ou de dominante de couleur. La photo de départ est terne, peu contrastée, et l'on cherche à la rendre plus attractive en modifiant son contraste.

Photo terne d'une otarie Photo contrastée d'une otarie La photo de gauche montre une otarie de Californie (zalophus californianus), rencontrée près de San Diego. Elle est nette, le cadrage est bon, mais elle est hélas terne et plate.

Une retouche extrêmement simple (celle que j'appelle "en trois clics") en fait un cliché beaucoup plus intéressant.

Pourquoi cette modification est-elle plus efficace à partir d'un fichier RAW ? Plutôt que de longues explications, je vais illustrer cela par un exemple très simple. L'image ci-dessous montre un dégradé en noir et blanc que je vais photographier. Je simule la photo JPEG par une plage de 7 nuances de gris (au lieu de 255) et la photo RAW par une plage de 25 nuances (au lieu de 4095).

dégradé continu du blanc au noir

Photo en RAW Photo en JPEG
La palette de 25 nuances permet un rendu très correct du dégradé de couleurs. Même avec seulement 7 nuances de gris, le dégradé est rendu d'une façon acceptable.
photo du dégradé bien exposée - palette large photo du dégradé bien exposée - palette etroite
Ces deux dégradés ont été exposés de façon optimale, avec des noirs bien noirs et des blancs bien blancs. On exploite au mieux la dynamique de la palette utilisée, et dans un cas réel les clichés auraient le même aspect. Mais que se passe-t-il si la photo est mal exposée, un peu comme l'otarie de gauche ?
photo du dégradé terne - palette large photo du dégradé terne - palette etroite
Les deux photos sont très ternes, plates : le dégradé est à peine visible sur la photo de gauche et celle de droite montre de larges plages uniformes. Essayons donc de les retoucher, comme je l'ai fait avec l'otarie.
photo du dégradé terne après retouche - palette large photo du dégradé terne après retouche - palette etroite

Les résultats obtenus sont très différents :

C'est exactement ce qui se passe dans le cas de vraies photos prises en JPEG ou en RAW :

Pour finir de vous convaincre, je vous propose ci-dessous de constater la différence dans un cas réel. Cette rascasse volante (pterois miles) a été prise en mer Rouge, dans le secteur de Ras Mohammed. Elle est violemment surexposée, et les images enregistrées, aussi bien RAW que JPEG, sont très mauvaises.

Image prise en JPEG Image prise en RAW
En passant la souris sur une image, vous verrez ce que l'on peut tirer du cliché après un processus de retouche très simple.
Rascasse surexposée prise en JPEG - On ne rattrape pas les 
					zones blanches Rascasse surexposée prise en RAW - On récupère bien les 
					zones blanches
La retouche permet d'améliorer un peu la photo prise en JPEG, mais le résultat n'est pas enthousiamant : les contrastes de certaines zones sont excessifs et, surtout, il reste de larges plages blanches où l'on ne distingue aucun détail. Les zones "brulées" sont irrécupérables. Après retouche, la photo en RAW est bien meilleure. Les zones qui paraissaient brûlées révèlent leurs détails, on voit clairement l'aspect du corail, tant sur le fond de l'image qu'au premier plan et les contrastes ne sont pas excessifs. Ce n'est certes pas une belle photo, mais elle devient acceptable.
La maîtrise du flash est un exercice délicat et, lors de vos débuts, vous obtiendrez souvent de tels résultats. En prenant systématiquement vos photos en RAW, vous récupérerez le plus souvent des images exploitables.
smiley fanatique

C'est bon, tu m'as convaincu ! Je vais prendre toutes mes photos en RAW. Mais ça m'embête de ne pas pouvoir les regarder tout de suite, là, sur le bateau !

Eh bien, il y a une solution ! La plupart des appareils proposent de prendre les photos en RAW + JPEG et elles sont alors stockées "en double" sur la carte mémoire. Tu te sers des photos JPEG pour regarder tes trophées sur le dos de l'appareil et pour éliminer celles que tu veux jeter (floues, mal cadrées, etc...). Ensuite, pour la retouche, tu pourras utiliser les photos RAW.

C'est à mon avis comme cela qu'il faudrait prendre toutes tes photos

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